Bouger c’est magique
« Un muscle qui ne travaille pas, s’ atrophie. » Élève j’ai appris cette phrase de sciences naturelles par coeur sans vraiment en comprendre ni le sens profond ni l’ importance. J’étais enfant et ma vie consistait à bouger. Bref bouger était une partie integrante de mon quotidien. Des courses infinies à travers la cour de récréation. Jouer au Ngneng, à cache-cache, à la pousuite, au pousse-pion, sauter à la corde etc…Quel bonheur j’éprouvais également à grimper sur les goyaviers, les cocotiers, les manguiers et les avocatiers pendant les vacances au village. De tapoter dans l’ eau dans des rivières du village sans pour autant savoir nager. Pour moi tout ceci allait de soit de telle sorte que ne pas bouger représentait une véritable punition pour moi. Par conséquent le sachant la plupart des punitions qui m’étaient infligées soit à l’ école soit à la maison à part les féssées, consistaient à m’immobiliser à m’empêcher de bouger pendant un moment relativement long. Par exemple me mettant à genoux pendant des heures, me faisant planter des choux où tout simplement me faisant contempler le mûr pendant un long moment qui me semblait être une éternité.
À cette époque mes pieds étaient alors mon moyen de transport. Ils me portaient partout. Petite, mes frères et mes soeurs m’avait surnomé « Samson ». D’ abord je n’ ai pas compris pourquoi ils m’ appelaient ainsi. Je détestais ce surnom car pour moi il semblait avoir quelque chose de plutôt négatif. Plus tard, ayant appris l’ histoire de « Samson et Dalila » à une séance de catéchèse à l’ école catholique que je fréquentais, j’ ai compris non seulement d’où venait ce nom mais aussi que mes frères et mes soeurs par ce rapprochement faisaient des éloges des forces qu’ ils voyaient en moi. Car dès mon bas âge je pouvais marcher à pied toute une journée pour aller d’ une ville à une autre sans vouloir être portée et sans me plaindre. Je transportais des Calebasses plus lourdes et plus grandes que moi. Avec la houe, je cultivais de grandes surfaces ce qu’ on aurait pas forcément attendu d’ un enfant de mon âge. Avec la hâche, je découpais des troncs d’ arbre en bois ce que les hommes faisaient généralement. Avec la brouette je transportais le tronc ainsi découpé en bois du champ au village et lors des séances des « messings » j’étais imbattable. Suivre des cours durant des heures assise à l’ école primaire et secondaire représentait une torture pour moi. Le sport et « les travaux manuels » étaient par conséquent mes matières preférées car elles me redonnaient la possibilité de bouger. De ne pas seulement user d’ un seul muscle qu’ est le cerveau pendant une grande partie de la jounée, mais de mettre tous mes autres muscles en activité et de profiter des multiples bienfaits qui en découlent et en plus d’ être à l’air libre. Après les classes, je m’ adonnais à des occupations physiques qui me redonnaient l’équilibre. Aller vider des poubelles dans des voiries qui se situaient à des kilomètres de la maison, aller puiser de l’ eau, faire du ménage, faire la cuisine, faire la vaiselle et la lessive à la main et ensuite aller retrouver mes voisines et voisins dans la rue pour soit sauter à la corde, soit jouer au pousse-pion, jouer à cache-cache où à la poursuite. Donc hormis les heures de classe, j’ étais constamment en mouvement. Ce qui sans doute m’ a procuré une enfance et une jeunesse saines et heureuses.
Devennue adulte et prenant de l’ âge, je me rends copmte aujourd’ hui que dû aux contraintes journalìeres, que bouger est devenu un luxe un privilège que je ne peux me permettre à volonté. Dès lors il faut donc saisir toute occasion aussi rares qu’ elles soient et jouer de sa créativité pour se payer le luxe de bouger car bouger à mon avis ne fait pas seulement travailler les muscles les empêchant ainsi de s’atrophier. Suivant l’ exemple de Voltaire qui dans son oeuvre Candide disait: « Le travail éloigne de nous trois grands maux: l’ennui, le vice et le besoin. » Bouger éloigne de nous plusieurs grands maux. Entre autres: l’ insomnie, le stress, l’ arrêt cardiaque, l’ hypertension artérielle, certains cancers, l’ anxiété, la fracture des os, la perte musculaire, la fatigue, l’ ennui, l’ obésité, les problèmes digestifs, le burn-out, les depressions et le mal de dos.
Bouger est un baume essentiel pour la santé mentale et physique, c’ est en fait un stimulant du bien-être, bref du bohneur. Bouger est magique.